Je m’étais bien juré de ne rien t’écrire en cette triste journée. Je n’ai cessé de rêver à toi pendant toutes ces nuits, de peur de t’oublier, pour que tu demeures pour toujours dans mes souvenirs. Mais c’est plus fort que moi. Je t’écris tout de même ce petit mot.
Souvent je me répète que ça va mieux. Que j’ai finalement réussi à enterrer mon chagrin et que je vais recommencer à vivre, sans constamment penser à ce matin du 26 mars 2014.
Mais peine perdue.
Mais c’est un peu de ma faute. Tes photos m’entourent. Dans mon bureau, au chalet, sur les écrans de veille de mes appareils. Je nourris mon obsession. Comme un alcoolique qui se dit qu’il devrait arrêter de boire.
Tu ne le sais pas, mais de temps en temps je t’aperçois. Je te vois dans la pénombre du garage sur ta motoneige, ou au loin en train de lancer des cailloux sur le pont, ou endormi dans ton « soumfa ». Un jour, je vais consulter, mais en attendant je vis bien avec ces heureuses visions.
De toute façon, si tu étais vraiment un fantôme, tu ne pourrais pas me hanter plus que maintenant.
La vedette
Même un an plus tard, les gens qui ignorent ton départ nous reconnaissent et nous demandent de tes nouvelles. Tu étais la vedette au Canadian Tire, au Wal-Mart, au Costco, au supermarché et au magasin de 1000 $ du coin. En fait, tu étais plutôt la terreur des caissières qui surveillaient leur téléphone et leur caisse lorsque tu les approchais.
Le documentaire
Nous avons obtenu les trois heures de films qu’Habib avait tournés sur toi dans le but d’en faire un documentaire. Le projet ne s’est pas réalisé, du moins pour le moment.
Je n’avais pas réussi à en écouter une seule minute de ces vidéos. Même chose pour les deux heures de la cérémonie de tes funérailles que Mélanie a si gentiment tourné pour nous.
Mais ce matin, j’ai pris le temps et j’ai visionné quelques minutes des bandes d’Habib. Comme à l’habitude, tu m’as fait rire. Et je me suis dit que finalement avec ces images, tu pourrais encore toucher le cœur de ceux qui t’aiment. Cette vidéo de trois minutes a été tournée en 2011 dans le gymnase de ton école Le Tournesol à Pointe-aux-Trembles lors de ta dernière année de scolarisation (à 20 ans). Habib filme de loin les exercices d’éducation physique de ta classe d’autistes. Tu es consciente qu’Habib te filme et tu fais un peu la cabotine. Tu diras « Bonjour Laurence, Bonjour Habib » heureuse de l’intérêt que l’on te porte. Comme toujours, tu chantes, heureuse, enjouée et coquine.
Et tu nous manques beaucoup.
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